"Je hais la réalité mais c'est quand même le seul endroit où se faire servir un bon steak" (W. Allen)

si il y a une chose dont je suis incapable c'est de tourner une page ou de clore une histoire...
attends même avec mes ex je garde le contact, imagine le bordel dans mon carnet d'adresses (connard 1, connard 2, connard 3….. )
Alors quand mon homme m'a suggéré il y a peu de temps, de "faire une croix sur une personne et d’apprendre à mettre des barrières … pour mon bien » j'ai réfléchi.
J'ai cherché à comprendre pourquoi c'était si difficile pour moi de garder mes distances, de mettre un point final à une relation, de jeter aux orties l’espérance et la promesse d'une entente retrouvée.
Qu'est-ce que j’espérais au fond?


Je n'ai jamais été rancunière ni revancharde encore moins suffisante ou présomptueuse, il me semble que chaque jour qui passe nous apprend qu'on fait tous des erreurs, des grosses, des moches, des bêtes, des lourdes, qu'il nous arrive de faire à notre tour ce qu'on désapprouvait chez l'autre bref qu'on est loin d'être parfait (appelle moi Gandhi).
Que ce soit en amour, en amitié, en famille ou dans le travail j'ai vécu de grosses crises, de belles engueulades, de vilaines trahisons et pour autant je n'ai jamais pu tourner définitivement le dos à qui que ce soit, même aux pires. C’est peut-être, surement même, de la faiblesse, du manque de confiance en soi ou carrément de la connerie mais moi je veux croire que je suis juste au fond quelqu'un de gentil qui ne sait pas détester les gens (ni les chats en vrai je te jure) (sauf ma trainée de chatte cela va sans dire)
Attends ne viens pas me demander de tendre l'autre joue, ou de te donner des leçons de bonté,  je peux être une peste aussi, une vraie connasse, mais au final celle qui prendra la plus grosse claque, à l'intérieur en tout cas, c'est souvent moi.
Il m'arrive de mettre un peu de distance, pour me protéger ou protéger mon égo mais si l'autre me tend la main, me fait un signe, je baisse de nouveau la garde et je fonce (d'ailleurs quand le prof de boxe m’a dit hier soir « ta garde est trop molle » je n’ai pas eu le temps de répondre « ah tu trouves toi aussi » que j’avais déjà le nez et la lèvre façon puzzle).
J'ai la relation humaine facile, d'aucuns diront trop facile mais j'aime les gens que veux-tu, j'aime la rencontre, le partage, la richesse des échanges, la profondeur des discussions, les engueulades, les fous rire, aller vers l'autre c'est un peu ma respiration, si j'arrête je crève. Sans compter que j’adore cette part inévitable de séduction dans toute rencontre, ce moment où tu te laisses envahir par le désir de connaître l’autre et où tu cherches à lui montrer le meilleur de toi-même, où certes tu joues un peu un rôle mais pas pour le piéger ou lui mentir, juste pour faire de cette rencontre un moment qui se prolonge, une rencontre qui devient connaissance.

Grâce à cette qualité (oui j'ai envie de croire que c'est une qualité quoi qu'il arrive) j'ai rencontré des gens formidables, que je n'aurais surement jamais découvert si j'étais restée en retrait, si j'avais eu peur de faire le premier pas, peur de me mettre à poil. J'ai fait des rencontres enrichissantes, drôles, profondes, chaotiques, j'ai vécu de grands moments de bonheur, de l'amour en conteneurs, de l’intelligence triple dose, de la chialance en litrons, j'ai avancé avec chacune de ces rencontres droit devant ou un peu de travers, j’ai foutu les pieds dans des ornières aussi et finalement j’ai beaucoup appris sur moi.
Le problème bien sur c'est que ce trop plein d'amour est un poids parfois un poil trop lourd à gérer pour l'autre et par ricochet un handicap pour moi qui me retrouve à la merci du repli de cet autre, de son abandon.
Tu penses bien qu'avec Colombo on en a souvent discuté
"Docteur je me sens abandonnée"
"c'est à dire?"
(le relou! comment tu veux qu'on discute si le gars il fait genre il connait pas le verbe « abandonner »)
"je me sens comme une grosse merde ça vous semble plus clair ?"
"je ne sais pas c’est à vous dit de me le dire »
Et après on s’étonne que j’ai lâché la psychanalyse et que j’ai tout misé sur la boxe !

Évidemment j'ai tenté de me blinder, de ne pas attendre en retour ce que J'avais décidé de donner, parce que oui je sais il parait qu'"on ne donne pas pour recevoir sinon ça s'appelle de la générosité égoïste", ahahahahah laisse moi rire c'est juste la phrase que te sortent en général ceux qui sont incapables de te donner la main, de peur que... tu la tiennes . "Trop bon trop con" c'est l'expression que je déteste le plus au monde, pour moi il n'y a pas pire que celui qui te donne par petits bouts, avec retenu. T'es pas con d'être bon faut pas déconner!
C'est quoi l'intérêt de rester sur tes acquis, de ne garder que tes amis d'enfance par exemple? Tu vas me dire "oulalala non mais je prefere avoir 1 ou 2 amis de longue date, qui me connaissent par coeur, que plein de potes qui me connaissent moins bien"? Certes, la richesse d'une personne qui te connait comme si elle t'avait fait ça n'a pas de prix mais te confronter à d’autres, à ceux qui justement parce qu’ils te connaissent moins bien et qu’ils te découvrent à un autre âge (que celui du bac à sable ou de la première clope), dans d’autres circonstances, vont titiller tes acquis, tes ressentis, tes idées sur telles et telles choses, vont enrichir tes connaissances et te pousser à redéfinir tes positions et ta personnalité ce n’est pas plus fort ?

Je reviens donc au point de départ, pourquoi ne serais-je pas capable moi de « faire une croix », de me blinder, d’imperméabiliser mes sentiments ?

Et bien tu sais quoi Josette je n’ai pas de réponse très intelligente à faire, je crois tout simplement que c'est parce que j’aime ça, j’aime aimer, j’aime aussi souffrir, j’aime qu’on m’aime (et je dois donc accepter qu’on ne m’aime plus)…
Regarder la vie dans un œilleton très peu pour moi….

"Sans joie, pas de malheur"qu'il disait  (Woody Allen) (ouai encore lui)

et comme y'a pas de hasard tu seras pas étonné d'apprendre que ce morceau est dans mon top 5 : :